lundi 3 mai 2010

Les cuves pénibles !!!



Les conditions de travail (dans les cuves ) sont pénibles, voire dangereuses : une rumeur, étouffée par la censure, répand que la centrale contient les corps de travailleurs tombés dans le béton de ses fondations. Personne n’oubliera, non plus, ce qu’on appela “l’hécatombe du Saguenay”, survenue le samedi 11 janvier 1942. Bien que 47 personnes aient pu fuir, l’incendie d’un dortoir pour ouvriers a alors tué 15 hommes et en a blessé 30 autres. Une cigarette est à l’origine du brasier.



De 30 000 tonnes de métal, à sa fondation en 1927, la production à l’usine d’Arvida est passée à 100 000 au début de la guerre, puis à 360 000 à son apogée, en 1943. L’apport énergétique, d’environ 850 000 chevaux-vapeur en 1932, augmente jusqu’à 2 millions en 1943. En contrepartie, les bateaux de minerai destinés à la région sont redirigés vers les États-Unis depuis 1943, après plusieurs torpillages. Pour résoudre le problème, des centaines de trains marchands monopolisent l’unique voie Montréal-Arvida du Canadian National Railway (CNR).



De 1 790 employés, en 1939, les effectifs passent à 12 000 au plus fort de la production, en 1943, résorbant ainsi le chômage qui sévissait dans la région. En 1944, l’usine emploie 9 400 travailleurs pour n’en plus compter que de 3 000 en 1946. Pour leur part, les profits de la société passent de 2,3 millions de dollars en 1929, à 15 millions entre 1939 et 1942, mais reculent à 12 millions, en 1946. La stabilité des salaires, au cours des trois premières années du conflit, a favorisé la fondation de plus d’une vingtaine de caisses populaires.



Physiquement exigeant, le travail en usine décourage plusieurs ouvriers qui démissionnent parfois même après seulement un ou deux quarts. De plus, la paye, dont le tiers est basé sur un calcul complexe et imprévisible, est amputée par de nombreux prélèvements, tels assurances, caisse de retraite, dîme retenue à la source, et impôt. L’inflation vient aussi diminuer le pouvoir d’achat réel.


Image : (Jacques Ronny )

À l'usine Alcan Aluminium Limitée d'Arvida (Québec), l'ouvrier Edgar Lapierre, portant des lunettes de protection, brasse le bain d'aluminium fondu avec un ringard. Janvier 1943 ( Collections Canada )









Source du texte :
Texte de Denis Pomerleau
Tiré de http://www.legionmagazine.com/fr/index.php/2006/03/une-guerre-mondiale-au-saguenay/


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