samedi 19 décembre 2009

Le cheval-bascule du petit André


Cet été, fin -août, je suis allé fouiner du côté de la rue de ma petite enfance . La rue Vaudreuil, dans le quartier Vaudreuil, de l'ancienne ville d'Arvida, intégrée à Ville de Saguenay , depuis cette folie des fusions municipales.

J'accompagnais une vieille amie à Jonquière, qui allait reconduire et installer sa fille aînée pour sa troisième année d'études au collégial en technologie des médias. N'ayant plus de voiture, depuis le printemps dernier, comptant mes pécules avec soin, reflouant mes dettes, minimisant mes déplacements en dehors.. J'ai sauté sur l'occasion. Comme la mère et la fille allaient être passablement occupées à vider des boîtes, à magasiner , et etc..etc.. Je pourrais en profiter pour aller mené mené dans les bucollines - «buccolique -, comme je le disais souvent - et cela la faisait bien rire - à ma défunte amie Linda. Formule que j'utilisais quand on parlait d'un tour de char. Formule qui me vient de Sol. J'en profiterais, caméra au poing pour prendre des clichés. Elle m'offrait son véhicule. Je pourrais rouler à ma guise, dans le coin de mon enfance. Pendant plusieurs heures....Et c'est ce qui se fit.

Et le fantôme de mon petit cheval de bois vint me visiter, alors que j'étais prostré devant la maison. Ce jouet, aussi grand que moi, à l'époque , était mon meilleur ami.. Son mouvement de balancier était sa voix, sa berceuse. Il ronronnait à sa façon.

Dans l'orphelinat où j'ai grandi - les deux, en fait - les séances de chaise berçante dans la pouponnière avec le personnel à voile et à cornette, ne devait pas être fréquentes. On ne devait pas tellement s'étendre sur le sujet comme on dit. les religieuses devaient
être bien serviable,néanmoins, mais ce n'étaient pas des mamans. Et au début des années 60, quand j'y étais, il devait y en avoir du bébé à s'occuper, alors le dorlotage, le berçage, le guili guili ah ah, pas la première préoccupation . Il fallait voir au plus pressant.

Tous ces petits orphelins, fraîchement abandonnés par leurs mères en auraient eus bien besoin,mais bon. Certains allaient se rattraper par la suite, d'autres non.
Les premiers moments de la vie, s'ils sont chauds, chaleureux, affectueux , sont un gage pour la sécurité affective à venir.
J'ai connu plusieurs personnes adoptées, et aucune n'étaient des êtres sécures sur le plan émotif.
J'avais une maman adoptive très affectueuse, grasse comme la maman de Léolo , qui m'a désiré pendant des années à sa façon, puisqu'elle souffrait d'infertilité. Et ce petit moi de 13 mois l'a sans doute rendue fort comblée. J'ai des souvenirs lointains, très lointains mêmes, toutefois ils ont le parfum du sourire, de l'affection parfois distancié mais sincère, réconfortant, malgré la forte présence rabat-joie du Père.
Malgré tout, un vide, un manque, un besoin déraisonnable. d'être toucher, cajoler, lové , enrobé, etc.
La vibration de la chaise berceuse et du mouvement de mon petit cheval de bois, m'apportait réconfort.. Comme si on me massait dans tout mon corps. Qu'on tentait d'aplanir mes tensions artérielles, musculaires.
Pourtant, on a jamais possédé de berçante à la maison.
Ma mère aurait bien voulue.
à la mort de ma grand-mère, je me souviens, elle avait tentée, de récupérer la berceuse de sa mère, mais en vain.
Sauf que dans ma parenté, il en existait beaucoup dans les salons, dans les cuisines surtout.
J'en étais fou de jalousie.
Mais que j'allais chez-eux, j'en profitais, je me berçais longtemps et avec vigueur. En écoutant de la musique. J'impressionnais la gallerie.
Nul ne serait douté que je faisais le plein de câlin et de berçeuse.
Cet été, en marchant avec Coralie, ma chienne, dans les rues de Longueuil, j'ai vu un cheval de bois à bascule au chemin. En attente des vidangeurs. Comme j'étais à pied, je ne suis pas parti avec. Et chez-moi, où aurais-je bien pu mettre ce jouet géant ?
J'ai préféré me souvenir ce jouet de mon enfance..
Et m'en souvenir
refit naître le souvenir de cet attachement
Même cet attachement renaquit.
Cela se dit, renaquit ?

1 commentaire:

  1. Ça doit se dire...on dit bien «il naquit» alors pourquoi pas «renaquit» ?

    Je sais que la langue française a parfois des caprices, mais toi, tu l'utilises très bien et je trouve tes souvenirs très intéressants à lire.

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